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Collagène et peau : mythe ou révolution scientifique ?

Photo du rédacteur: evoscienceevoscience

Les suppléments de peptides de collagène prennent les longues chaînes d’origine du collagène et les découpent en courtes chaînes d’acides aminés pour faciliter l’absorption. 


Schéma illustrant la structure moléculaire du collagène dans la peau humaine

L’espoir/objectif est qu’en fournissant ces courts peptides de collagène, nous puissions stimuler la production propre de collagène de notre corps et améliorer la santé de notre peau.


Cette théorie sur le collagène et peau est très controversée


Car lorsque nous consommons des protéines, notre système digestif décompose ces protéines en acides aminés individuels et en courtes chaînes de peptides. 


Donc les critiques des suppléments de collagène affirment que tant que vous consommez suffisamment de protéines, il n’y aura aucun avantage supplémentaire aux suppléments de collagène, car le résultat est le même : les deux stratégies fournissent à notre corps des acides aminés.


Que disent les études sur les suppléments de collagène ?


De nombreuses études utilisent des mesures subjectives vis à vis des résultats et sont donc relativement bancale (même si essai contrôlé randomisé). On va se concentrer sur des  “méthodes de mesures fiables”


Cet essai randomisé contrôlé par placebo de 2014 impliquant 69 femmes s’est penché sur l’élasticité de la peau, l’hydratation, la perte d’eau et la rugosité de la peau.


étude clinique sur l'efficacité des suppléments de collagène

L’élasticité de la peau a été mesurée à l’aide d’un cutomètre, donc une mesure objective, et ils ont observé que le supplément de collagène entraînait une amélioration de 7 % de l’élasticité de la peau, ce qui est une amélioration raisonnable après huit semaines de traitement.


Graphique présentant les résultats d'une étude clinique sur l'efficacité des suppléments de collagène
Fig. 1. Évolution de l'élasticité de la peau au cours du traitement. Les deux groupes traités ont montré une élasticité statistiquement plus élevée après 4 et 8 semaines d’ingestion (n ≥ 22, p < 0,05) - (bon, par contre faudrait penser à afficher la significativité sur les figures 🥲)

La complémentation de 2,5-5 g reste relativement faible. Bien que le placebo à base de maltodextrine crée une différence d’apport protéique, celle-ci est minime et n’explique probablement pas les différences de résultats.


Ensuite, deux essais randomisés contrôlés ont été menés (Asserin et al. 2015) : l’un s’est concentré sur l’hydratation de la peau et la densité du collagène mesurée par ultrasons, tandis que l’autre a réalisé des biopsies cutanées pour examiner le collagène sous microscope.


Graphique présentant les résultats d'une étude clinique sur l'efficacité des suppléments de collagène
Fig. 2 (gauche) Effet de la consommation orale quotidienne de 10 g de Peptan comparé au placebo sur l'hydratation de la peau, déterminée par Corneometer chez les femmes et Fig. 4 (droite) Effet de la consommation orale quotidienne de 10 g de Peptan comparé au placebo sur la densité du collagène dans le derme (échographie haute fréquence)

Il y avait une amélioration de 12 % de l’hydratation de la peau et une amélioration de 0,83 % de la densité du collagène. Limite principale : 10g de collagène vs 10g de dextrine (la différence d’apport protéique est déjà plus significative)


En 2020, une méta-analyse a été réalisée, combinant toutes les études cliniques pertinentes à ce jour. Elle comprenait 10 publications, toutes montrant des améliorations des paramètres de santé de la peau.


ensemble d'étude sur l'efficacité des suppléments de collagène

Sur les 10 études listées, une seule a utilisé une dose de 10 g (différence d’apport protéique ?)


Toutes les autres étaient entre 500 µg et 5 g/jour.


6 utilisaient des doses ≤ 3 g/jour.










Par exemple celle-ci (Kim et al. 2018) avec un apport de seulement 1g/jour avec une teneur en tripeptide (Gly-X-Y) >15 %, incluant 3 % de Gly-Pro-Hyp (sélection/ratio des peptides important?)


Comparé au groupe placebo, les valeurs d’hydratation de la peau étaient significativement plus élevées dans le groupe LMWCP* après 6 semaines et 12 semaines. [...] En ce qui concerne l’élasticité de la peau, un paramètre sur trois était significativement amélioré dans le groupe LMWCP par rapport à la valeur de référence après 12 semaines, tandis que, comparé au groupe placebo, deux paramètres sur trois dans le groupe LMWCP étaient significativement plus élevés après 12 semaines.” - J’ai volontairement exclu les données tirées des scores d’évaluation visuelle pour écarter ce biais, mais ils étaient aussi significativement améliorés.


* LMWCP = Peptide de collagène de faible poids moléculaire


graphique sur l'efficacité des suppléments de collagène
Fig 2. Changements de l’hydratation de la peau chez les individus recevant LMWCP ou un placebo. L’hydratation de la peau a été mesurée avec un Corneometer.

En 2021, un essai randomisé contrôlé par placebo a été mené sur 99 femmes japonaises en bonne santé via des mesures objectives type cutomètre. (Miyanaga et al. 2021)


Les scientifiques ont observé que les peptides de collagène entraînaient des améliorations significatives de la teneur en eau de la peau (à 1g et 5g)


Mais ils ont ensuite trouvé autre chose : il n’y avait aucune amélioration de l’élasticité ou de l’épaisseur de la peau, ce qui contraste fortement avec les résultats des études précédentes et c’est important de le mentionner.


graphique montrant l'impact du collagène sur la peau
Fig. 4 (gauche) Effet de l'ingestion de PC sur la teneur en eau du derme au niveau de la joue et Fig. 6 (droite) Effet de l'ingestion de PC sur l'épaisseur de la peau au niveau de la joue.

En 2023 une étude a été publiée pour explorer les raisons pour lesquelles certaines études ont donné des résultats décevants. Elle a cherché à savoir si certains peptides spécifiques entraînaient des améliorations de la santé de la peau.


étude sur le collagène et l'hydratation de la peau

Elle a testé un supplément spécifique de peptides de collagène (1650 mg, c’est là aussi une quantité négligeable) contenant des dipeptides, notamment une paire glycine-proline et une paire proline-hydroxyproline. 


Lorsque ce mélange a été testé, on a observé des améliorations de l’hydratation de la peau, des rides et de l’élasticité. Il est donc possible que certains peptides spécifiques soient responsables des améliorations de la santé de la peau.


Mais du coup, est-ce que l’apport en protéines explique les bénéfices du collagène ? Pour explorer ça, un ECRDAP a été réalisé en 2020 chez des patients brûlés. Un groupe a pris 36 grammes de collagène hydrolysé, tandis que l’autre groupe a pris 35 grammes de protéines de soja.



Il a été constaté que le taux de cicatrisation des plaies était significativement plus élevé dans le groupe collagène par rapport au groupe protéine.


C’est différent de ce que nous étudions depuis le début, mais cela renforce l'idée que les peptides de collagène ne sont pas “simplement des protéines” (cf reproche principal slide 3) et ont un tropisme marqué pour la peau, en agissant non seulement sur son apparence, mais aussi sur sa capacité de régénération et de réparation.


Quelle conclusion tirer sur les bienfaits du collagène hydrolysé ?


Pour :

  • Même en éliminant les mesures subjectives, beaucoup de preuves suggèrent qu’il existe des bénéfices pour les paramètres de santé de la peau (hydratation, élasticité, rides...)

  • En comparant les peptides de collagène aux protéines, les peptides semblent améliorer le taux de cicatrisation des plaies, ce qui suggère qu’il y a un effet et tropisme cutané.


Contre :

  • Certaines études ont un ratio de protéines déséquilibré entre les groupes, pouvant potentiellement impacter les résultats. 

  • Certaines études utilisent des “mesures visuelles” (subjectives, experts..) peu fiables (non incluses ici)


Perspectives :

  • Il faudrait une étude menée pour comparer, à quantité protéique égale, l’impact ou non des peptides de collagène sur la peau.

  • Il faudrait des études mécanistiques approfondies sur le fonctionnement des peptides afin de déterminer si certains d’entre eux (ex : paire glycine-proline / proline-hydroxyproline) jouent un rôle plus important que d’autres : peut être qu'il existe "un meilleur collagène pour la peau"


Mon avis (pour la peau) : 

Je doute que les effets des doses ≤ 5 g puissent être expliqués par la différence de consommation de protéines. Certaines posologies sont très faibles (≤ 2-3 g) et montrent des résultats.

Je pense qu’on manque de données, mais que dans l’ensemble, les preuves suggèrent quand même une efficacité des peptides de collagène (PC) sur la peau. Mais ce n’est pas non plus un produit miracle (aucun complément ne l’est d’ailleurs)


Est-ce que tu dois en prendre ?

C’est une décision individuelle. Si tu as les moyens et l’envie, pourquoi pas. Si ton budget est limité, ce n’est pas une priorité. Si tu en prends, choisis du collagène marin (poids moléculaire moyen plus faible, plus d’hydroxyproline, meilleure dissolution)


Combien de temps pour voir les effets du collagène ?

Si on se fie aux études que j'ai citées, les effets sont perceptibles au bout de plusieurs semaines de prise.


J’étais “du côté glycine” pendant longtemps (qui reste une alternative pertinente pour certains points et surtout peu chère), mais au vu des données pour la peau, je pense que je me suis trompé et qu’il pourrait réellement y avoir un véritable intérêt à la consommation de PC.


Mathys, biologiste et nutritionniste chez Evoscience

Mathys, de l'équipe Evoscience


 

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